MARKER (C.)

MARKER (C.)
MARKER (C.)

MARKER CHRIS (1921- )

Écrivain et cinéaste français, né (selon certaines sources) à Paris, dans le quartier de Belleville. Sa formation première reste enveloppée d’obscurité. Journaliste après la guerre, il crée aux éditions du Seuil la collection Petite Planète, dénomination qui répond à l’une de ses propres vocations: globe-trotter. Il publie un essai original et important sur Giraudoux, puis un roman, Le Cœur net .

En 1952, il réalise avec de très modestes moyens un reportage sur les jeux Olympiques d’Helsinki, Olympia , et (fait plus important pour sa carrière) écrit le commentaire du film d’Alain Resnais Les statues meurent aussi (1953), document qui, sous une apparente froideur, incrimine la liquidation de certaines formes culturelles de l’Afrique noire par le paternalisme des colonisateurs français. Chris Marker est aussi assistant dans ce film, qui aura les honneurs de la censure la plus rigoureuse et ne sera autorisé que des années plus tard.

Bien qu’il rédige en 1959 le bref commentaire d’un film rétrospectif de Paul Paviot sur Django Reinhardt, Marker va essentiellement se vouer à la réalisation. Dans le domaine du documentaire où il se cantonne (à une exception près), sa place est originale: voyageur inlassable, ne faisant mystère ni de ses opinions de gauche ni de sa vaste culture littéraire, il évite aussi bien l’écueil des prétendus «documents bruts» que celui des «relations de voyage» trop léchées et trop soignées, soit sur le plan de l’esthétique (encore qu’il s’affirme grand photographe), soit sur le plan de l’idéologie. Un exemple célèbre de cette méthode très élaborée est donné par Lettre de Sibérie (1958): dans ce film, Marker décrit la construction d’un chemin de fer dans un désert glacé. Il y a trois commentaires successifs: l’un procommuniste, l’autre anticommuniste (qui insiste sur les conditions de vie inhumaines des constructeurs), le dernier «purement informatif». Un quatrième commentaire est laissé à l’imagination et à l’intelligence du spectateur, mais il est évident que Marker souhaite que nous fassions l’effort de nous y livrer. Du reste, il ne le sollicite pas: la joie de la découverte et l’analyse exacte lui suffisent. Il a ainsi tourné Dimanche à Pékin (1956), Description d’un combat (1960, sur Israël et les kibboutzim), Cuba sí (1961, que dix ans plus tard viendra sereinement compléter et «rectifier» La Bataille des dix millions ), Le Joli Mai (1963, sur les brutales répressions policières qui marquèrent l’année précédente à Paris). Nombre de ces films, auxquels s’ajoutent des courts métrages tels que La Sixième Face du Pentagone (1968, en collaboration avec F. Reichenbach), ont été censurés et contraints à une demi-clandestinité.

Les événements de 1968 ont saisi Marker au moment où il travaillait à des reportages de télévision sur la condition ouvrière: La Rentrée des usines Wonder , film de quelques minutes au titre subtilement cinéphilique, reste un témoignage d’une exceptionnelle acuité. Marker a donné ensuite un bon reportage sur Yves Montand: La Solitude du chanteur de fond (1974), tout en travaillant à une immense fresque récapitulative de ses espoirs, des déceptions et des interrogations de l’extrême gauche: Le fond de l’air est rouge (1977). Faute peut-être d’un parti pris clairement dégagé, ce montage d’archives et d’interviews, çà et là passionnant, a été un échec.

Un peu à part dans l’œuvre du cinéaste se situe son seul film de fiction: La Jetée (1963). Tourné entièrement en plans fixes (sauf le dernier), ce récit de «science-fiction» est une exploration poignante et hautaine de la solitude humaine face à l’oppression des souvenirs du nazisme et à l’oppression égale d’un avenir incertain, chargé de menaces pour notre espèce tout entière. Il en appelle sans emphase à cette même liberté dont Marker s’est attaché à chercher les visages divers dans le monde jusque dans Sans soleil (1982), film plus détaché et plus spéculatif.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Marker — Marker …   Deutsch Wörterbuch

  • Marker — may refer to: Marker (linguistics), a morpheme that indicates some grammatical function Marker (telecommunications), a special purpose computer A set of sewing patterns tightly arranged within a rectangle that is placed over cloth to be cut… …   Wikipedia

  • Marker — bezeichnet einen farbigen Markierstift, um Textpassagen hervorzuheben, siehe Marker (Stift) eine biologische Substanz, die als Indikator auf einen biologischen Zustand hindeutet, siehe Biomarker eine körpereigene Substanz, die auf die Anwesenheit …   Deutsch Wikipedia

  • Märker — steht für: Berliner Burschenschaft der Märker Märker (Zeitung), ein Anzeigenblatt in vier Landkreisen von Nordbrandenburg Märker Gruppe, ein Zement und Umwelttechnik Konzern Der Märker, Landeskundliche Zeitschrift für den Bereich der ehemaligen… …   Deutsch Wikipedia

  • marker — UK US /ˈmɑːkər/ noun ► [C] a sign that shows what something is like or proves that something exists: a marker of sth »The company sees its invitation to join the business forum as a marker of success. ► [C, usually singular] something that is… …   Financial and business terms

  • marker — [MÁR CĂR] s. m. 1. genă mutantă cu efecte fenotipice detectabile, cu localizare cunoscută, care permite localizarea altor gene. 2. particularitate morfologică ce permite identificarea corectă a unui cromozom. ♢ cromozom diferit de omologul său… …   Dicționar Român

  • marker — / mɑ:kə/, it. / marker/ s. ingl. [der. di (to ) mark segnare, contrassegnare ], usato in ital. al masch. [pennarello a punta grossa usato per marcare con inchiostro colorato singole parole o parti di un testo] ▶◀ ‖ evidenziatore …   Enciclopedia Italiana

  • marker — O.E. mearcere writer, notary (glossing L. notarius clerk ), lit. one who marks, agent noun from MARK (Cf. mark) (v). Not found again until late 15c., hence modern use is perhaps a separate formation. Meaning monument stone is from 1888. Meaning… …   Etymology dictionary

  • marker — màrkēr m <G markéra> DEFINICIJA 1. predmet koji služi kao znak (zastavica, kolčić) 2. onaj koji označuje što, stavlja oznaku na što; označitelj, bilježitelj 3. flomaster kojim se vuku debele crte tako da su lako uočljive i s veće daljine… …   Hrvatski jezični portal

  • marker — [mär′kər] n. a person or thing that marks; specif., a) a person who keeps score in a game b) a device for keeping score c) a device for marking lines, as on a tennis court d) a bookmark e) a gravestone ☆ f) a milestone or similar sign …   English World dictionary

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”